La coupe du monde de rugby 2011

Publié le par Alexis Jeannot

Nous y étions, enfin, quand Bernard Lapasset, président de l’IRB annonça officiellement le début de la coupe du monde de rugby 2011, au sein de ce temple du rugby qu’est l’Eden Park, la grande fête que nous attendions tous (j’attendais)  prit vie sous nos yeux.

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Mon premier match fut Russie-USA à New Plymouth. Lors du trajet en voiture, nous avons pu, mes amis et moi, prendre conscience en voyant de nos propres yeux la ferveur populaire pour l’équipe nationale de Nouvelle Zélande, les fameux All-Blacks. Toutes les chaumières, fermes, boutiques dressaient drapeaux et affichaient messages de soutiens aux Blacks. Dans certaines villes, les commerçants avaient maquillés l’intégralité de leurs boutiques en noir.

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J’ai eu la chance de me procurer des places pour le match France-All Blacks des phases de poules. C’est au sein du van d’Hayley (UK), que Pierre (Fr), Alain (Fr), Richie (UK) et moi partirent pour Auckland.

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Malgré la défaite j’étais très heureux d’avoir enfin vu jouer les Blacks, ainsi que le hakka, qui fut le kapa o Pango. J’étais au milieu de supporteurs Néozélandais avec, perdu parmi la masse « black » un français ne parlant pas anglais. J’ai servi d’interprète entre les deux partis durant le match ce qui fut très amusant. Ce dernier tournant largement à l’avantage des all-blacks, les supporteurs kiwi, soulagés de voir leur équipe prendre leur revanche sur 2007, m’offrirent une bière à chaque essai des Bleus (soit deux).

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Après le match, nous partîmes, avec Pierre dans les entres d’Auckland afin de profiter de la troisième mi-temps. Ce soir là, nous, supporteurs Français, furent chanceux car au même moment, les Warriors, équipe Néo Zélandaise de rugby à 13, accédaient à la «  Grand Final » de la National Rugby League (NRL). C’était seulement la deuxième fois de leur histoire qu’ils accédaient à ce niveau de la compétition, d’où l’engouement des Néozélandais, non pas pour la coupe du monde, mais pour la NRL ce soir là. Au final, trop heureux de fêter la qualification des Warriors, nous ne nous sommes pas (trop) fait chambrer.

Le lendemain, après 30 minutes de sommeil dans le « Burger King » de Queens Street, Pierre se sentant trop fatigué, décida de prendre le bus de 9h00 afin de retourner à Ohakune, lui permettant de dormir tranquillement lors du trajet. Pour ma part, je décidai d’attendre Hayley toute la journée afin de rentrer avec elle, et me rendis à l’Eden park afin d’essayer de me procurer une place pour le match opposant l’équipe Samoane à celle des Fidji. Une fois à la billetterie, on me proposa l’unique et dernier ticket au prix de 110 $NZ (environ 60€), ce qui était trop chère à mon goût. Je décidai en conséquence d’aller voir le match dans un bar, mais, à mon grand  étonnement, un supporter Français m’interpela et me demanda si j’étais à la recherche d’un billet. Je lui répondis, qu’en effet, j’étais intéressé et  commença à réfléchir au montant que j’étais près à lui acheter, quand, me coupant dans ma réflexion, me le donna, en m’expliquant que l’un de ces amis n’avait pu venir, et qu’il préférait savoir qu’une personne profite du match plutôt que d’imaginer abandonner un siège vide. J’étais chanceux, étant même très bien placé dans le stade, en catégorie A, soit la meilleur…

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Le match, dans un stade lumineux, prit par les couleurs de ces deux îles voisines de la Nouvelle Zélande, fut largement à l’avantage des Samoa. Le double Hakka en début de match, fut aussi une image saisissante que je ne suis pas près d’oublier.

Et enfin, pour finir en beauté, la finale dont j’avais longtemps rêvé, France-All-Blacks, remake de 1987. Dans les deux cas, le résultat allait être merveilleux : la victoire des all-Blacks couronnerait la meilleure équipe, et bouleverserait tout un pays, dans une fête ou la seule limite serait le retour d’Hélios au centre de cette émotion nocturne. La victoire des Bleus, serait une magnifique surprise, mais résulterait sur une énorme dépression en nouvelle Zélande, dont les conséquences seraient l’augmentation de la criminalité, du taux de suicide, et de la « détestation du peule Français ». Nombre de mes amis Kiwis m’avaient, avant le match, sérieusement prévenu, qu’en cas de victoire des Bleus, il ne faudrait pas être dans la démesure et trop démonstratif dans les rues d’Auckland si nous ne voulions pas « être pendus sur la grande place »… A y réfléchir, il valait mieux une victoire des blacks…^^ Ma stratégie en cas de victoire de l’équipe de France était toute trouvée : «  qui moi Français ???Non non je suis québécois !!! »

Cette fois ci mes compagnons de route furent Vincent (Anglais), Bernard(NZ), Sigmund(NZ) et Christopher(NZ). Une fois à Auckland je les abandonnai afin de retrouver Emilien(Cantal), qui logeait dans un Backpacker (auberge de jeunesse) en zone périurbaine. A ma grande surprise, la personne m’accueillant, propriétaire des lieux, portait un maillot de l’ASM, les murs, tapissés de drapeaux tricolores, étaient habités non pas par des anglophones, mais bien des francophones. Oui, j’avais bien mis les pieds dans l’antre d’un Auvergnat, où de nombreux supporteurs Français s’étaient donnés rendez-vous. Après atelier maquillage et préparation en tout genre, nous étions parés à conquérir la rue. Notre route pour le centre ville empruntait à contre sens celle menant à l’Eden Park, où avait lieu la finale.

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C’était une véritable marée noir qui se présenta face à nous, avec, par instant, de petites taches bleues perdues au milieu de cette immense océan. Quel moment fut il, de sauter, chanter, crier au milieu de cette foule, de la Marseillaise, à « qui ne saute pas n’est pas Français !!! », nous avons passé tout le répertoire du supporteur tricolore au crible. Les réactions kiwis étaient diverses, certains nous prenant en photo, souriant, d’autres « ripostaient » en criant leur fameux « All-blacks !! All-Blacks !!! All-Blacks !!! ». Une fois aux portes du centre ville, je n’avais déjà plus de voix, c’est à ce moment là que nous aperçûmes une journaliste de TVNZ3 (chaine de télévision national NZ) faisant un reportage d’avant match en direct. Bien entendu, nous sautâmes sur l’occasion et nous précipitâmes devant la camera en chantant criant sautant (les jours suivant, de nombreuses personnes me dirent qu’ils m’avaient vu à la télévision !! Le début de la célébrité!^^)

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Nous trouvâmes un grand bar faisant un Happy Hour, parfaite façon pour commencer le match, sachant qu’après 19h, la ville était totalement saturée, paralysée par un véritable tsunami humain. Le cours du match tout le monde le connait… Lors des dix dernières minutes, les supporters kiwis étaient sans voix, tétanisés par un possible drop, pénalité (ah non pas avec Mr Joubert…^^), de cette équipe française que de nombreux observateurs pensaient, avant le match, voir s’effondrer face aux Néo Zélandais. Beaucoup de personnes m’avaient dit la semaine passée que la demie finale entre l’Australie et les All-Blacks était une finale avant l’heure, le match contre la France n’étant que formalité… Mais après l’essai de Dusautoir, la surprise fut totale. Pour la première fois depuis le début du mondial, les supporteurs Néozélandais se voyaient perdre, et en finale de coupe du monde, c’est plutôt ennuyeux. De l’autre côté, nous, supporteurs français, qui l’aurait cru, nous voyant presque champions du monde,  pris par l’euphorie du moment, sautèrent, chantèrent, crièrent de tous nos poumons afin de soutenir cette équipe de France, comme si, malgré la frontière télévisuelle, il y avait une connexion directe entre elle et nous. Les bleus dominaient, avançaient et n’avaient qu’un seul point de retard… dans le bar, les serveurs, cuisiniers, vigiles avaient arrêté de travailler, les clients de boire, tout le monde avait le souffle coupé, jusqu’au coup de sifflet final, où la folie s’empara du bar, de la ville, du pays. Une immense fête embrasa Auckland cette nuit là, de nombreuses personnes me dirent que la France méritait la victoire, mais qu’à l’opposé n’aurait jamais dû être en finale. De nombreux Néo Zélandais m’expliquèrent que cette coupe du monde était pour eux, qu’ils ne pouvaient pas, comme lors des précédentes éditions, la laisser s’échapper, mais qu’ils nous laisseraient la prochaine, organisée à un saut de rivière de la France, en Angleterre…

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